Dans les appartements du Sénateur du Syltarien

Dans les calmes appartements du Sénateur du Syltarien, plusieurs servantes remplissaient leurs tâches, mettant de l’eau dans les vases, préparant de la nourriture et du vin pour ceux qui devraient arriver d’un instant à l’autre. L’un des gardes élémentalistes avait reçu un message télépathique de la part de la dragonne de l’Impératrice, les avertissant qu’elle-même, le sénateur du Syltarien ainsi qu’un guérisseur arriveraient afin de soigner Sédéhie qui s’était blessée lors d’une bataille.

Aussitôt les ordres distribués, tout le monde s’était mis à la tâche afin de faire un grand accueil aux arrivants. Une grande silhouette se posa dans l’entrée du palais, masquant un pendant un millième de seconde les fenêtres des appartements.

« La maîtresse arrive! », chuchotèrent des serviteurs.

Des pas légers résonnaient dans le long couloir, suivis de près par des bruits de sabots. Des gardes s’inclinèrent et ouvrirent la porte sur les nouveaux venus. Aussitôt Eterdaäz entrée, les servantes s’inclinèrent et la laissèrent passer. Elle-même se mit de côté afin que le centaure et le sénateur puissent entrer dans la grande pièce spacieuse.

-Cet endroit vous convient-il? Demanda-t-elle au centaure.

Nememnos entra à la suite de l'Impératrice. La pièce dans laquelle ils venaient de pénétrer était assez spacieuse et confortable. Les nombreuses servantes qui s'y trouvaient avaient allumés flambeaux et bougies pour bien l'éclairer. Comment avaient-elles pu être mises au courant de ce qu'il lui fallait pour soigner le Sénateur? Peu importe. L'essentiel, c'était que l'endroit était adéquat pour soigner quelqu'un.

- Oui, c'est l'idéal, répondit le centaure, suite à la question de la souveraine.

La Sénatrice, quant à elle, n'était toujours pas disposée à se faire soigner. C'est le guérisseur qui dut la pousser de force sur son lit et, après les protestations de la jeune femme, qu'il réussit tirer un peu sur sa tenue de guerre afin de dégager son épaule gauche. Nememnos demanda qu'on fasse sortir les servantes qui, visiblement, gênaient la commandante des armées du Syltarien.

Une fois les petites bonnes parties, le centaure examina attentivement la blessure de Sédéhie. La flèche s'était plantée dans sa clavicule. Rien que Nememnos ne puisse pas guérir.

Le mage effleura la blessure de la Sénatrice de ses mains. Il se concentra alors sur toutes les composantes de l'os, des fibres nerveuses et de la peau. Tout se ressouda lentement. Il n'y avait pas eu d'artifices, aucune lumière, aucune étincelle, aucun halo, pas de brume, ni d'éclairs. La plaie s'était tout simplement refermée.

Sédéhie n'avait pas bronché. Elle s'était contentée de regarder, tremblante et un peu effrayée -même si elle ferait tout pour le nier-, la magie s'opérer. Elle fut prise d'étourdissements. Nememnos la poussa doucement pour qu'elle s'allonge.

- En temps normal, guérir une blessure prend une certaine quantité d'énergie. Puisque cela peut prendre un peu de temps, on ne sent pas notre vivacité diminuer. Or, puisque j'ai acceleré le processus, la même quantité d'énergie lui a été retirée, mais d'un seul coup. Il faudrait que quelqu'un puisse veiller sur elle et s'assurer qu'elle mange et se repose.

Nememnos se tourna vers l'Impératrice.

- D'ici une heure ou deux, elle devrait être en pleine forme. Il se peut toutefois qu'elle garde une cicatrice ou que la force de son bras ait diminué, mais elle devrait pouvoir se battre à nouveau.

Durant le trajet vers Davek'Merna, le centaure avait discuté avec le cheval de la Sénatrice. C'était un animal intelligent et de bonne compagnie. Poivre était le destrier de Sédéhie depuis que celle-ci fut nommée Sénateur. Il était au courant avant tous les autres que c'était une femme. Nememnos apprit qu'au début de sa carrière, la guerrière se faisait passer pour un jeune garçon et non pour une femme qui avait atteint sa majorité. Elle avait dû se battre pour garder sa place et avait mené ses troupes à de nombreuses victoires. C'est seulement après avoir gagné la confiance de l'Empereur que Sédéhie s'était dévoilée. Elle avait failli mettre sa carrière en jeu, mais elle put garder son poste.

Poivre lui avait aussi dit que le père biologique de sa patiente était forgeron. Ainsi, la commandante des armées du Syltarien était, depuis son plus jeune âge, baignée dans le monde de la guerre. Si jamais elle ne pouvait plus combattre, n'ayant rien connu d'autre, elle se sentirait sans doute inutile et déprimerait.